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AMENAGEMENT DE LA VILLE

 

    Le temps n'est plus où l'on chassait le renard dans la plaine de Montrouge, les parcs qui, naguère encore entouraient des résidences particulières ou des fondations religieuses, ont à peu près disparu, les cultures maraîchères, derniers vestiges de la vie campagnarde, voient chaque année leur étendue diminuer. Montrouge est devenue une ville, mais qui, suivant en cela le destin de toutes les villes de banlieue, s'est développée longtemps de façon désordonnée, au gré des initiatives privées, sans prévision ni plan d'ensemble. Depuis 1925, la municipalité, par un effort constant et méthodique, s'est employée à remédier à cet état de choses. L'action municipale seule aurait été impuissante à mener à bien cette tâche.

 Dans le département de la Seine où les villes se touchent entre elles et avec Paris plusieurs services publics ou concédés (eaux, gaz, électricité, transports en commun, etc.) ont dû être organisés sur un plan plus vaste que la commune ; d'autre part, les voies publiques d'une ville comme Montrouge sont les unes des routes nationales, les autres des chemins de grande communication, des chemins vicinaux, des voies urbaines ou des voies privées. L'action à mener pour aménager la cité, si elle devait être entreprise par la mairie et dirigée par elle, devait pourtant constamment être étayée sur les services départementaux. C'est ici que l'heureuse réunion en la personne de M. E. Cresp de la charge de maire et du mandat de conseiller général de la Seine a permis d'obtenir des résultats rapides et étendus, grâce à l'autorité qu'il a su acquérir au sein du conseil général et de ses grandes commissions.

Le premier travail qui s'imposait était l'établissement d'un plan d'extension et d'aménagement de la ville. Ce plan devait être établi avec le plus grand soin et le souci, non seulement du moment présent, mais de l'avenir, puisqu'une fois soumis au «Comité Supérieur de l'Aménagement et de l'Organisation générale de la région parisienne» et approuvé par le Conseil d'Etat, il devait rester le guide des Assemblées municipales à venir, appelées à le réaliser progressivement. En même temps un règlement sanitaire fut établi et arrêté : il prescrit les conditions dans lesquelles les maisons doivent être construites de façon à en assurer la solidité et la salubrité, leur hauteur, leur gabarit, il fixe la largeur des voies publiques, des cours et courettes, réglemente l'alimentation en eau, l'évacuation des eaux usées, etc.

Dès le plan établi, les travaux d'exécution commencèrent. Nous ne parlerons ici que des résultats actuellement acquis.

Un important problème urbain retint l'attention de la nouvelle municipalité, celui des espaces libres. Il est curieux et infiniment regrettable de constater qu'à une époque où le goût des sports et l'amour du plein air se répandent de plus en plus, où l'on parle tant d'hygiène, où d'autre part, la densité des villes s'accroît sans cesse et où l'air y est de plus en plus vicié, à cette époque qui est la nôtre, peu de villes créent des espaces libres, des jardins publics. A Paris même, les grands jardins du centre datent de l'ancien régime; les parcs, plus récents, et les bois de Boulogne et de Vincennes furent aménagés par le Second Empire. Depuis soixante ans pas un seul grand jardin ne fut ouvert au public à Paris. La poussière de petits squares créés sur des places publiques ou autour de monuments ne vaut pas un des grands parcs dus à l'administration d'Haussmann. Bien plus, on peut dire que les espaces libres ont diminué à Paris depuis dix ans. Avant 1925, les fortifications constituaient pour les quartiers populaires de la périphérie et de la banlieue immédiate un lieu de promenade, de délassement et d'aération. On aurait pu espérer que leur dérasement allait permettre la création d'une ceinture de verdure, de promenades et de terrains de jeux, ainsi qu'il en a été pour maintes villes autrefois fortifiées. Au lieu de cela, c'est d'une ceinture de hautes bâtisses, uniformes, appelées à une vieillesse précoce et décrépite que l'on a entouré Paris; sur la vue de Montrouge, prise d'avion, on se rend facilement compte du résultat obtenu. Reste l'ancienne zone militaire : son avenir est, pour le moins, incertain.

Dans les villes suburbaines, telles que Montrouge, de développement récent, des municipalités prévoyantes auraient pu, il y a quinze ou vingt ans, acquérir à bon marché des terrains, réservés à la création ultérieure d'espaces libres. I1 n'en a malheureusement rien été, et maintenant, le prix élevé du mètre carré ne permet plus d'aussi vastes réalisations, néanmoins la municipalité actuelle de Montrouge a poursuivi avec vigueur sa politique du plein air. D'une part, elle a créé de nouveaux jardins à Montrouge, et aménagé un stade municipal, d'autre part elle a acquis avec la Sistière un vaste domaine à la campagne.

En 1925 il n'existait pour tout Montrouge, qu'un jardin public : le Square de la Mairie, non pas tel qu'il existe aujourd'hui, mais rétréci par un immeuble vétuste à l'angle de l'avenue de la République et de la Grande‑Rue.

Actuellement, le Square de la Mairie a été agrandi par la démolition de cet immeuble, et d'ici peu, un parvis de verdure sera créé sur l'emplacement de l'église actuelle, appelée à disparaître dès que la nouvelle église en construction sera terminée.

En 1928, un square fut inauguré sur la place des Etats‑Unis par M. Bouju, préfet de la Seine, en face de la crèche municipale.

En 1929, un jardin public fut créé sur la place Jules‑Ferry ; son étendue sera prochainement doublée, grâce à la suppression du marché Jules‑Ferry, et au transfert de celui‑ci sur le trottoir de l'avenue Aristide‑Briand, libéré des voies de tramway.

En 1930, en face des habitations à loyer modéré du Haut‑Mesnil, un jardin de près d'un hectare était ouvert au public pour constituer le centre aéré et verdoyant du nouveau quartier, qui allait naître et croître rapidement.

En 1934, enfin, un parc privé,1, 2, 3, 4, 5, 6, riche de très beaux arbres, était transformé en jardin public, entre l'avenue de la République et la rue Victor­Hugo, en plein centre de la ville, dans le quartier ou la population est le plus dense.

Surface des jardins publics de Montrouge en 1925 et en 1934
    Année 1925  
  Square de la Mairie   3 450 m²
       
    Année 1934  
1. Square de la Mairie ......................... 3 700 m²
2. Square des Etats‑Unis ......................... 2 600 m²
3. Square Jules‑Ferry ......................... 3 850 m²
4. Jardin de l'avenue de la République ......................... 2 950 m²
5. Jardin du Haut‑Mesnil ......................... 8 550 m²
    Ensemble 21 650 m²
       
  Domaine de la Sistière ......................... 170 000 m²

 Ainsi, de 1925 à 1934 la surface des jardins publics de Montrouge passait de 3.450 m² à 21.650 m² et à cela il faut logiquement ajouter les 170 000 m² de la Sistière, parc communal et réserve d'air pour les enfants de Montrouge appelés à en bénéficier. 

Une autre opération s'imposait. Le centre de Montrouge était constitué en 1925 par le carrefour de la Grande‑Rue et de l'avenue de la République, carrefour étroit aux quatre angles droits construits. Actuellement l'angle formé par l'immeuble situé dans le square est tombé, le jardin a été agrandi de la surface occupée auparavant par une maison dont les logements étaient devenus de véritables taudis. 

L'angle opposé est remplacé par une large place publique, pour la création de laquelle il a fallu abattre de vieilles demeures sans caractère ; l'air et le soleil y pénètrent maintenant à foison. Enfin l'église, dont la position resserrait la Grande‑Rue et dont le perron s'avançait hors de l'alignement de l'avenue de la République et constituait une gêne et un danger permanents, disparaîtra dans quelques mois; la nouvelle église, de dimensions plus grandes, s'élève sur le terrain situé derrière l'église actuelle ; l'emplacement de celle‑ci sera annexé à la place de la République. Ainsi sera dégagé complètement le carrefour sur la place et sur la Grande‑Rue dont la largeur se trouvera très augmentée en face du Square de la Mairie.

La Grande‑Rue, grâce au nouveau plan d'extension, perd peu à peu son aspect étriqué et sinueux ; en plusieurs points, particulièrement aux croisements de l'avenue Aristide‑Briand, de la rue de Bagneux, de l'avenue de la République, le nouvel alignement a été réalisé par la démolition de vieilles maisons. Entre l'avenue de la République et la rue de Bagneux les derniers immeubles qui étranglent la Grande‑Rue en face de l'annexe de la Mairie sont condamnés à disparaître rapidement. Enfin la ligne de tramway qui suit la Grande‑Rue, contre le trottoir, et, dont une partie est même empruntée par des voitures dans les deux sens, est appelée à être supprimée sous peu. Dès lors la circulation sera assurée normale le long de cette vieille artère de Montrouge. L'opération qui permis la création de la place de la république se complète par le percement de l'avenue Jean-Jaurès qui relie directement le centre de la ville au nouveau quartier créé autour du rond‑point  Jean-Jaurès, plus loin au quartier neuf du Haut‑Mesnil, enfin à la gare de Montrouge.

        Cette voie nouvelle est destinée à devenir rapidement le nouvel axe de Montrouge.. Autre­fois, la vie de Montrouge s'est développée dans la Grande‑Rue et le long de la route d'Orléans, vieux chemin par lequel, au moyen âge, les pèlerins, sortis de Paris par la rue et la porte Saint‑Jacques, s'éloignaient vers leur but lointain, Saint‑Jacques‑de‑Compostelle : itinéraire jalonné au départ par les sanctuaires consacrés â leur patron, Saint‑Jacques‑de‑la‑Boucherie et Saint‑Jacques‑du‑Haut‑Pas dans Paris, Saint‑Jacques‑le‑Majeur â Montrouge. Un peu plus tard, la rue de Bagneux a été créée pour conduire au parc du château. Au siècle dernier, le centre de la vie de Montrouge, comme celui de presque toutes les villes, se déplaça plus encore vers l'ouest et vint se fixer sur la nouvelle avenue de la République, plus large que la rue de Bagneux. Mais l'avenue de la République avait son développement limité par le fait qu'elle, se termine brusquement devant le mur d'un cimetière. Le proche avenir verra la vie de Montrouge se développer le long de l'avenue Jean-Jaurès.

Cette avenue, qui suit la plus longue diagonale de la ville, a tout ce qui est nécessaire au succès : son origine sur la large place de la République, ses relais successifs marqués par la place des Etats­Unis et son square (reliés directement depuis 1931 au Rond‑Point de la Victoire par la rue Sylvine‑Candas), par le Rond‑Point Jean‑Jaurès, centre d'un quartier neuf, par l'ensemble du Haut‑Mesnil 1, 2, 3, 4, (groupe d'Habitations à loyer modéré, jardin public, nouveau groupe scolaire) et par la place de la gare. Mais surtout, au lieu de finir brusquement à la limite de la commune, elle se continue par une large route nouvellement ouverte vers Châtillon, Fontenay‑aux‑Roses, Châtenay et Plessis‑Robinson.

L'avenue Jean‑Jaurès n'avait qu'un défaut : la section ouverte en 1922 entre la place des Etats‑Unis et l'avenue Verdier est bordée sur ses deux côtés par des murs d'usine sur une longueur de 315 mètres; la municipalité actuelle, qui ne pouvait plus modifier cet état de choses regrettable, a pallié à cet inconvénient en créant sur cette section de l'avenue un marché qui est venu y apporter de l'animation.

La zone de Montrouge, qui s'étend entre l'avenue Verdier et la route stratégique d'une part, entre la rue de Fontenay et l'avenue de la Marne d'autre part, était en 1925 occupée par des jardins maraîchers et par de vastes terrains vagues sur lesquels se faisait la décharge des ordures ménagères, le sol en était tourmenté, à côté des excavations d'anciennes carrières de pierre à ciel ouvert s'élevaient les hautes "buttes Michau" constituées par l'amoncellement de terres provenant des fouilles souterraines des carriers. Le nivellement de ce quartier avait été entrepris en 1924 et on avait prévu, pour son embellissement, la création d'un cimetière. La municipalité pensa que ce quartier valait mieux que cela, actuellement la percée de l'avenue Jean‑Jaurès dont nous venons de parler, celle des rues Jules‑Guesde, Arthur-Auger, Marcel‑Sembat, l'aménagement de l'avenue de la Marne, la création du quartier du Haut‑Mesnil avec ses différents édifices communaux et ses rues nouvelles, ont déjà transformé ce quartier dont nous avons montré l'avenir.

L'avenue Jean‑Jaurès finit sur la place de la gare. Le jour où la ligne sera mise en service pour les voyageurs, cette place s'animera d'une vie nouvelle, ses abords se peuplent déjà. Un groupe d'immeubles habitations à bon marché, type ordinaire et type amélioré a été construit à proximité, sur la route stratégique, par la Société «Les maisons saines», 1, 2, et inauguré cette année. Les jardins qu'il comporte et le confort de ses appartements en font un type particulièrement réussi d'habitations à bon marché. A côté de la gare, les chemins de fer de l'Etat ont élevé, au milieu d'un jardin, un fort coquet « Centre de protection infantile», réservé aux familles des cheminots, et comportant une consultation de nourrissons, un jardin d'enfants, des cours ménagers pour les fillettes. Prochainement la construction d'un nouveau groupe d'habitations à bon marché (type amélioré) par l'office municipal viendra encore peupler ce quartier neuf, et souhaitons que l'avenir permette d'acquérir et de réserver une partie des derniers terrains vagues qui avoisinent la gare pour en faire un jardin public, il n'y en aura jamais trop. 

Les quartiers plus anciens, 1, 2, 3, 4,  de Montrouge n'ont pas été négligés ces dernières années. Nous avons déjà mentionné l'élargissement de la Grande‑Rue, d'une façon générale, sans entrer dans les détails, constatons l'état actuel des chaussées, celui des trottoirs recouverts maintenant de bitume, l'éclairage électrique axial à grande puissance dans toutes les voies importantes, l'établissement des horloges électriques. Le réseau d'égouts a été, considérablement étendu et un égout à grande section a été construit le long de l'avenue de la République pour recevoir et diriger les eaux d'orage sur les collecteurs parisiens.

L'alimentation en eau de la ville a été très améliorée devant la pénurie d'eau par défaut de quantité et de pression, M. E. Cresp, dès son arrivée à la mairie de Montrouge et à l'Hôtel de Ville de Paris, fit rechercher les moyens d'améliorer la situation. En 1928 des branchements étaient établis entre les canalisations de Paris et de Montrouge. En 1929, deux réservoirs de 2000 mètres cubes chacun, étaient construits à Montrouge pour assurer les réserves d'eau nécessaires. Enfin, en 1933, une distribution d'eau de Seine brute était créée à Montrouge pour le lavage des rues et les usages industriels.

Les transports en commun ont été l'objet de nombreuses interventions de M. E. Cresp au conseil général, peu à peu de nouvelles lignes d'autobus desservent les divers quartiers de Montrouge : ligne de pénétration qui rejoint le quartier du Haut‑Mesnil à l'Opéra, ligne transversale qui rejoint la Vache-Noire à la Porte de Versailles et à Javel, lignes vers la périphérie qui, partant de la Porte d'Orléans, desservent sur leur parcours l'avenue Aristide‑Briand et l'avenue Jean‑Jaurés sur toute sa longueur. 

L'anachronique chemin de fer d'Arpajon va disparaître et sera remplacé par un service d'autobus pour les voyageurs, de camions pour les marchandises. Puis disparaîtront les tramways qui gênent la circulation le long de la Grande‑Rue, de la rue de Bagneux et de l'avenue de la République, et ceux qui encombrent les trottoirs de l'avenue A.Briand. Le réseau d'autobus s'étendra alors sur toute la ville. Enfin, dans les grand travaux du plan Marquet, est compris le prolongement, à travers Montrouge, de la ligne No 4 du métropolitain, de la porte d'Orléans à la Vache‑Noire, par l'avenue de la République et l'avenue de Verdun.

 

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